Ce sentiment, exprimé à l’origine dans la littérature grecque ancienne et plus récemment dans une série de vidéos d’entraînement de Jane Fonda, reflète bien le point de vue actuel de nombreuses banques centrales. Cela comprend la Réserve fédérale américaine et la Banque du Canada.
Le principal objectif de la plupart des banques centrales est la stabilité des prix. Cet objectif est souvent défini comme un taux de croissance annuel moyen de l’indice des prix à la consommation (IPC) de 2 %. L’inflation s’est nettement éloignée de cette cible en 2021, les économies ayant subi un choc de la chaîne d'approvisionnement lié à Covid, suivi d'une flambée des dépenses. Les banques centrales ont réagi en augmentant agressivement les taux d’intérêt dans le but de ralentir les dépenses et d’éviter une hausse des salaires qui, autrement, perpétuerait le cycle d’inflation. Les taux d’emprunt et les coûts hypothécaires ont fortement augmenté.
Grâce à une combinaison d’effets de base plus faibles et d’une réduction des goulots d’étranglement de l’offre, les IPC canadiens et américains ont enregistré des baisses impressionnantes au cours de la dernière année. Comparé aux picsde 9,1 % et de 8,1 %, respectivement de juin 2022, les IPC ont chuté en avril à 4,9 % et à 4,4 %. Jusqu’à maintenant, tout va bien. Et pourtant, nous sommes encore loin d'avoir réussi. La croissance de l’emploi demeure solide dans les deux pays. L’inflation du coût des salaires est bien supérieure aux taux compatibles avec un retour permanent de l’IPC à 2 %. La médecine des banques centrales commence à freiner la croissance et l’inflation seulement lorsque la politique devient restrictive. Le président de la Fed, M. Powell, pense que nous en sommes là. Mais comme nous le savons tous, la médecine ne guérit les malades de façon permanente que si vous terminez l’ordonnance. La Fed et la Banque du Canada maintiendront probablement une politique serrée jusqu’à ce que les taux de chômage atteignent des niveaux bien supérieurs aux creux actuels. Les difficultés économiques se profilent à l'horizon.
Les banques centrales sont par nature pragmatiques et reconnaissent que le resserrement des politiques prend diverses formes. La récente crise bancaire aux États-Unis entraînera probablement un nouveau resserrement des normes de prêt. Cela réduira le crédit disponible, en particulier pour les petites entreprises, pour investir dans du nouveau matériel et maintenir les niveaux actuels de la masse salariale. Un certain repli est probable, ce qui entraînera un ralentissement de la croissance, une hausse du chômage et une nouvelle baisse de l’inflation.
Comme le souligne la première citation, sir John Major a une aptitude particulière aux mots. Jane Fonda, cependant, va droit au but : « Pas de douleur, pas de gain », a-t-elle proclamé. Les États-Unis et le Canada semblent prêts à subir les contrecoups de la récession économique. Grâce à des politiques monétaires restrictives, la Fed et la Banque du Canada visent à permettre à chaque pays de réaliser le gain économique à long terme qui devrait découler d’un retour à un contexte de faible inflation.