Il faut stimuler l’économie canadienne dès maintenant

L’économie canadienne a besoin d’une révolution de la productivité. Espérons que le Canada connaîtra une période économique plus favorable après cette année, mais l’ampleur de cette amélioration dépendra de la capacité du pays à redresser son bilan décevant en matière de croissance de la productivité.

À l’heure actuelle, nous sommes dans la dernière ligne droite d’une période de faible croissance de la productivité qui court depuis le milieu de 2022. Alors que le produit intérieur brut (PIB) réel a progressé, la production par habitant a diminué et le taux de chômage s’est redressé, ce qui reflète l’effet négatif des hausses de taux d’intérêt qui étaient nécessaires pour juguler l’inflation.

La bonne nouvelle pour le Canada, c’est que l’inflation, si l’on exclut les frais d’intérêts hypothécaires, avoisine déjà 1,8 % en juin 2024. C’est l’une des principales raisons pour lesquelles la Banque du Canada (BdC) s’est sentie à l’aise d’amorcer le processus de réduction des taux d’intérêt. On peut raisonnablement s’attendre à ce que le taux d’inflation globale revienne à la cible de 2 % à mesure que les frais d’intérêts hypothécaires diminueront.

D’ici la fin de 2025, le taux cible du financement à un jour de la BdC devrait atteindre 2,5 %, ce qui stimulera la croissance trimestrielle l’an prochain. Cette situation, jumelée au ralentissement de l’immigration qui réduit la croissance de l’offre de main-d’œuvre, devrait permettre au taux de chômage de redescendre en 2025.

Toutefois, à moyen terme, notre niveau de vie ne dépend pas du retour au travail, mais de la production par heure. La productivité est la clé de la croissance économique, surtout par habitant.

Notre productivité a fait bien piètre figure au cours de la dernière année et demie environ, affichant un recul pur et simple. Cependant, cette tendance s’explique en partie par la faiblesse de l’économie, et nous devrions être à même d’inverser ces pertes à mesure que les entreprises verront la demande s’accélérer. Quoi qu’il en soit, la croissance de la productivité a été inférieure à celle des États-Unis au cours des décennies précédentes. Il faut que les entreprises dépensent davantage en immobilisations, et que le Canada joue un plus grand rôle dans certains secteurs novateurs où les gains de productivité sont les plus importants. En d’autres termes, nous avons besoin d’une véritable révolution en ce qui concerne ce que nous faisons dans l’économie canadienne, les compétences des travailleurs et les incitatifs à l’investissement des entreprises.

Pour les investisseurs, la perspective d’une baisse des taux d’intérêt représente un avantage direct pour les titres à revenu fixe. Les obligations sont maintenant en mesure de jouer leur rôle habituel dans un portefeuille de placements diversifié, car elles peuvent se redresser davantage si des risques plus sérieux de baisse de la croissance économique se profilent, ce qui exercerait une pression sur les actions. Les actions font face à certains défis à court terme, car le rythme plus lent de la croissance économique mondiale a des répercussions sur l’élan des bénéfices. Un fait particulièrement pertinent si, comme nous le prévoyons, l’économie américaine auparavant résiliente, ralentit également au cours des prochains trimestres. Toutefois, comme la Réserve fédérale américaine devrait bientôt emboîter le pas aux banques centrales du Canada et de l’Europe pour assouplir les taux d’intérêt cet automne, les actions devraient être soutenues par de meilleures prévisions de croissance économique mondiale au-delà de 2024.

Pour le Canada, l’amélioration de la productivité et la hausse des bénéfices en découlant pourraient aussi être l’une des clés pour permettre à notre marché des actions de suivre le rythme de Wall Street, après une longue période de contre-performance. Un raffermissement de la croissance économique mondiale pourrait également aider à cet égard, car il donnerait un coup de pouce aux producteurs de marchandises. Toutefois, il pourrait être nécessaire que les investisseurs cherchent à diversifier leurs placements en s’éloignant des géants de la technologie qui ont été le moteur de l’avantage des États-Unis en matière de rendements boursiers.

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