Ou, continuez à lire une copie de l’article mettant en vedette Mickey Ganguly, analyste principal d’actions au sein de Gestion d’actifs CIBC.
Le secteur canadien des télécommunications rate la cible depuis près de deux ans. En effet, les cours boursiers n’ont pas répondu aux attentes du marché, ce qui en fait le seul secteur de la Bourse de Toronto à afficher un rendement négatif cette année.
Le contexte réglementaire et les taux d’intérêt, qui ont contribué à ce piètre rendement, montrent toutefois des signes de stabilisation, et certains experts indiquent que les actions sont sous-évaluées.
Selon Matthew Dolgin, analyste principal d’actions chez Morningstar, Inc. à Chicago, une grande partie de l’agitation des marchés trouve son origine dans l’acquisition par Québecor Inc., au début de 2023, de Freedom Mobile, le quatrième concurrent national en importance après Telus Corp, Rogers Communications Inc. et BCE Inc.
« À notre avis, il s’agit du quatrième concurrent national le plus solide que nous ayons eu […] depuis que je couvre ces entreprises », affirme-t-il.
Bien que les obstacles réglementaires constituent une source de préoccupation, M. Dolgin avance que la baisse est davantage fondée sur la peur. Des exigences réglementaires étaient en place pour faire approuver l’acquisition de Shaw Communications Inc. par Rogers, qui comprenaient la vente de Freedom Mobile à Quebecor.
« Nous voulons voir comment la transaction se déroulera avant de nous sentir plus à l’aise ou d’avoir une meilleure idée du rendement de ces entreprises », indique-t-il.
Un autre obstacle est lié à des réglementations différentes énoncées l’an dernier. À la fin de 2023, le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) a dit à BCE et à Telus qu’elles devraient rendre accessibles leurs réseaux de fibre optique à d’autres entreprises en Ontario et au Québec. BCE a combattu la décision, mais a perdu la bataille en février. Cette décision signifie que les entreprises indépendantes pourront vendre des services Internet à des clients dans ces provinces en utilisant les câbles de fibre optique que BCE a installés.
M. Dolgin affirme que les résultats de cette décision ne se sont pas encore concrétisés, et qu’il attend de voir les répercussions sur le secteur. Il ajoute que même si cette décision peut se traduire par plus de concurrence sur le marché et moins de possibilités d’exclusivité pour BCE, toutes les grandes sociétés de télécommunications font actuellement face à des problèmes de réglementation.
« Compte tenu de l’ampleur de la baisse des actions, [il semble que] la confiance soit davantage en cause que les résultats », dit-il, en ajoutant que les sociétés « se portent bien et sont sous-évaluées ».
Selon Mickey Ganguly, analyste principal d’actions au sein de Gestion d’actifs CIBC, les taux d’intérêt élevés ont également joué un rôle, réduisant l’attrait des rendements en dividendes des sociétés de télécommunications par rapport à celui d’autres placements à revenu fixe.
« Étant donnée la baisse des taux d’intérêt, nous commençons à voir cet écart se creuser, ce qui rend le secteur plus attrayant », affirme-t-il.
Lorsque son équipe évalue le secteur sur la base du rendement total, les résultats sont très bons en raison de la stabilité de ses données financières et de ses dividendes. « C’est pourquoi nous sommes optimistes à l’égard du secteur. »
Toutefois, M. Ganguly mentionne également le contexte extrêmement concurrentiel des 12 à 18 derniers mois, qui a exercé des pressions sur le revenu moyen par utilisateur.
En effet, en raison de la concurrence accrue, les forfaits mensuels de services sans fil sont passés en moyenne de 60 $ à moins de 40 $ par mois pour certaines marques. Toutefois, bien que les consommateurs aiment économiser dans un marché qui a longtemps été critiqué pour son manque de concurrence, la baisse des prix a contribué à la contre-performance du secteur.
Selon M. Ganguly, les sociétés ont ajusté leurs offres au cours des derniers mois, créant un « environnement concurrentiel plus rationnel », ce qui le rend plus optimiste à l’égard de la croissance. « Je crois que nous voyons enfin un certain répit face à ces obstacles. »
L’achat récent de 4,7 milliards de dollars par Rogers de la participation de BCE dans Maple Leaf Sports and Entertainment Ltd. a également bouleversé le secteur. Bien qu’il soit encore trop tôt pour évaluer la transaction, il s’agit d’une « solution gagnante pour les deux parties », selon M. Ganguly.
« Il est probable que BCE profite de cette entente plus rapidement que Rogers sur le plan financier, » affirme-t-il. « Mais je pense qu’il est très logique que ces deux parties concluent cette entente et finalisent cette transaction. »
Pour le moment, ce ne sont pas tous les investisseurs qui sont prêts à investir dans les sociétés de télécommunications. Amit Joshi, gestionnaire de portefeuille à Barometer Capital Management Inc. à Toronto, affirme que bien que certains investisseurs à la recherche de rendement se tournent de nouveau vers les sociétés de télécommunications à mesure que les taux d’intérêt baissent, bon nombre d’entre eux portent leur attention sur d’autres secteurs.
« Dans le cadre de notre processus, nous recherchons de bonnes entreprises qui s’améliorent, et nous suivons certaines des forces techniques du marché d’un point de vue macroéconomique, » affirme-t-il. « Nous n’avons jamais investi dans les sociétés de télécommunications, et nous ne le faisons toujours pas. »