Par Sascha Zuger
Les bars clandestins de Mexico ont la cote. Levez le voile sur d’habiles subterfuges, dignes de l’époque de la prohibition, et dégustez des cocktails aux saveurs locales lors de votre visite de cette capitale dynamique. Dévoilez le mot de passe quotidien pour accéder au congélateur-chambre à l’arrière d’une rôtisserie, sortez du distributeur à boissons d’une taqueria où la foule bruyante pointe du doigt chaque nouvel arrivant, ou obtenez le statut de membre pour qu’on vous ouvre la porte d’un manoir historique.
Une soirée dans les bars clandestins de Mexico offrira aux amateurs de voyages d’aventure une source intarissable d’histoires à raconter (ou pas). Dans ces lieux secrets, dansez au rythme de la musique des meilleurs DJ et sirotez les élixirs de talentueux mixologistes aux tabliers de cuir. La chimie, le feu, les nuages de fumée et parfois même le venin de tarentule entrent dans la préparation de cocktails finement ouvragés à découvrir.
Hanky Panky
Quelque part sur la calle Londres, Juárez, 06600
Pour obtenir l’adresse du très exclusif Hanky Panky, il faut appeler pour réserver ou présenter une demande pour devenir membre. Une fois sur place, on peut rester perplexe devant l’« entrée », cachée derrière un mur noir plat qui s’ouvre au moyen d’un clavier numérique. Le code change tous les soirs. À l’intérieur, on trouve une foule de gens élégants dans un somptueux décor composé de velours rouges et de miroirs en laiton. Le cocktail du nom de l’établissement, composé de vermouth italien, de Fernet-Branca et de gin, a été servi pour la première fois à l’hôtel Savoy de Londres, dont les clients n’ont toutefois jamais été invités à quitter les lieux par le distributeur à boisson d’une taqueria bondée.
Taberna Luciferina
Calle Lucerna 34, Juárez, 06600 Colonia Juárez
Construite dans un manoir datant des années 1900, cette taverne urbaine propose une ambiance à la fois industrielle et mystique. Les mixologistes utilisent des techniques et des ingrédients inspirés de l’alchimie pour concocter des élixirs d’amour et de fortune. Les plus courageux goûteront l’Aragog, un martini à base de grenadine au venin de tarentule qui engourdit les lèvres. Les têtes de mort sur les chandeliers et les torches érodés aux murs accentuent l’ambiance, qui attire une foule glam. Des marchands d’alcool envahissent parfois les lieux déguisés en chasseurs de fantômes, en docteurs et en agents secrets.
Jules Basement
Calle Julio Verne 93, Polanco, Polanco IV Secc, 11560
Il faut réserver au Jules Basement, qui n’est accessible que par un faux congélateur-chambre situé à l’arrière d’une trépidante rôtisserie, où les dîneurs occasionnels et les familles regardent le futbol à la télévision. Un tout autre monde vous attend dans l’obscurité presque totale de l’étage inférieur, où le bar et les murs sont couverts de pics couleur argent qui confèrent à l’endroit un look futuriste. Les mixologistes utilisent des herbes fumantes pour accompagner un choix varié de liqueurs et de spiritueux. Un groupe de jazz se produit parfois dans l’établissement, où chaque rythme syncopé résonne alors dans une foule hétéroclite composée de gens sympathiques.
Xaman
Copenhague 6, Juárez, 06600 Cuauhtémoc
Sur une rue quasiment déserte, un escalier sombre et anonyme vous mène au paradis des passionnés de bons alcools. De petits pots d’argile faits à la main contenant des herbes et des épices sont alignés derrière le bar, et de l’encens maya brûle pour purifier tous les nouveaux arrivants. Les variations locales des grands classiques des années 1920 comportent du gin ou du mezcal, auxquels on ajoute du gingembre frais moulu, du sassafras ou de l’hoja santa (une « feuille sacrée » locale terreuse souvent utilisée dans la préparation de la mole verde de l’Oaxaca). Pour garnir les verres, on utilise des branches de romarin enflammées, de l’anis étoilé ou du sel de sauterelle broyé. Il s’agit du premier établissement d’Amérique latine fondé par les célèbres barmen européens du Baron.
Licorera Limantour
Avenida Álvaro Obregón 106, Roma Nte., 06700
Le bar de mixologie le plus célèbre en ville, qui figure souvent au sommet des palmarès des meilleurs bars du monde, offre des boissons composées d’ingrédients saisonniers locaux et inspirées d’éléments culturels et de la poésie. L’établissement rend hommage aux plus célèbres bars clandestins de l’histoire dont les concoctions imaginatives savaient masquer l’âpreté des boissons à base de grains. Le fondateur Jose Luis Leon, barman primé, s’est engagé à visiter les 50 meilleurs bars au monde afin de comprendre ce qui rend chacun d’eux aussi remarquable. Goûtez les grands favoris du public, comme le gin fruité Mr. Pink et le mezcal à l’hibiscus, servi dans une carafe d’argile.
Les opinions exprimées sont celles de l’auteur, pas nécessairement celles de la Banque CIBC ou de ses partenaires.
