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Wesley Roy Knowlton est né le 17 juin 1919 à Amherst, en Nouvelle-Écosse. Il est entré au service de la Banque Canadienne de Commerce le 7 juillet 1937 et il a travaillé à la succursale de Saint John, au Nouveau-Brunswick, de même que dans diverses autres succursales des Maritimes. En mars 1942, Il s'est enrôlé dans l'Aviation royale du Canada à Windsor, en Nouvelle-Écosse.
Après sa formation à titre de navigateur au Canada, il s'est joint à l'escadron 431 (Iroquois) en novembre 1943. En avril 1944, son avion a été abattu au nord-est de Bruxelles, mais il est parvenu à échapper aux Allemands jusqu'à la libération de Bruxelles le 4 septembre 1944. M. Knowlton a été démobilisé le 1er août 1945. Dès son retour au Canada, il s'est inscrit à un programme en commerce et finance à l'université de Toronto.
La ferme où M. Knowlton s'est caché
Sa cachette se situait au-dessus de l'appentis
Extrait des Archives des services de guerre, 1939- 1945 décrivant l'odyssée de M. Knowlton derrière les lignes ennemies :
« Dès les premières heures du 28 avril 1944, un bombardier Halifax de l'escadron 431 (Iroquois) de l'Aviation royale canadienne a été touché par un chasseur de nuit allemand et s'est écrasé en flammes à environ 30 milles au nord-est de Bruxelles. Quatre membres de l'équipage ont été tués durant l'attaque. Les quatre survivants ont sauté en parachute et deux d'entre eux ont par la suite été faits prisonniers.
W.R. Knowlton, navigateur et plus tard lieutenant d'aviation, est tombé dans un champ souffrant d'une dislocation de l'épaule et d'une mauvaise fracture à la clavicule. Il a repris connaissance environ deux heures plus tard au moment où l'aube glaciale du printemps se levait. Il a d'abord entendu un chien japper puis un train passer. Il a ouvert les yeux, espérant et s'attendant presque à voir les initiales familiales de la société de chemin de fer London and North Eastern Railway sur les wagons, car il avait vaguement l'impression d'être tombé en Angleterre.
Dès que le soleil a été levé, il a décidé de partir malgré la douleur et, toujours en état de choc, il a pris la direction de ce qui lui semblait être une ferme à l'horizon. Il s'est toutefois dirigé droit vers un camp de formation allemand. Il ne pouvait rien faire d'autre que de poursuivre sa route à travers le camp, mais heureusement il n'a rencontré personne. Plus loin sur la route, il a ramassé un crayon portant la marque « TigerBrand », ce qui a contribué à renforcer sa première impression d'être en Angleterre. Toutefois, à son arrivée près de la ferme, il a trouvé un cahier d'écolier portant une table de multiplication en flamand sur la couverture. Pendant un moment, il a cru que c'était de l'allemand, ce qui l'a découragé encore plus que son arrivée dans le camp allemand. Il décide alors de contourner la ferme et de descendre la colline vers le boisé en contre-bas et de se reposer pendant environ 48 heures, soit ce qui était recommandé de faire en pareille situation, afin de reprendre ses esprits et d'éloigner l'ennemi. Pendant qu'il descendait le sentier il a été aperçu par le fermier qui couru vers lui et le ramena à la ferme en l'appelant « Kamerad ! ». Il était alors six heures et donc dangereux d'être à découvert. Il ne pouvait savoir s'il était avec un ami ou non, mais toutefois son sixième sens lui disait qu'il était en sécurité et qu'il ne serait pas trahi.
Ce n'est que plus tard qu'il a appris la vérité, soit que le fermier était un maquisard agissant sous les ordres d'un chef régional de la Résistance belge. Cette dernière était depuis longtemps préparée à l'invasion des Alliés et son organisation était très similaire à celle d'autres territoires occupés. Toutefois, à ce moment, M. Knowlton ignorait ces choses et ne pouvait que se placer totalement à la merci de son hôte.
Les enfants du fermier
C'était une famille de fermiers flamands typiques, soit la mère, le père et leurs huit enfants, dormant tous ensemble dans la même pièce à l'étage. Il fallait le mettre à l'abri avant que les enfants se lèvent et après l'avoir présenté à sa femme qui se chargeait de la presque totalité des corvées de la ferme, le fermier l'a caché dans le foin au-dessus de l'enclos des chèvres où il est demeuré pendant trois mois et demi.
À trois reprises, les Allemands ont fouillé la maison et le foin, mais chaque fois M. Knowlton est parvenu à se mettre à l'abri, remettant soigneusement le foin en place chaque fois qu'il se déplaçait d'un endroit à l'autre.
Trois mois et demi en tant que hors la loi parmi les chèvres et sans aucuns soins médicaux pour son épaule abîmée. Pendant la première semaine, M. Knowlton n'a pas fermé l'œil en raison du manque de confort, de la douleur et des chèvres, mais tout a vite été oublié et par la suite il dormait facilement vingt heures par jour.
Un jour enfin un événement se produisit. Le fermier annonça à M. Knowlton qu'il avait eu des instructions de son chef de même que les papiers nécessaires. Il a donc reçu un faux passeport et une carte de travail indiquant tous les deux qu'il était un employé temporaire du service de contrôle sanitaire du Ministère de l'intérieur et de la santé publique. Ses propres photos d'identité de l'Aviation royale canadienne ont permis de régulariser parfaitement les documents. On lui a remis des bottes et un costume civil de même qu'une bicyclette pour se rendre à une gare. Il a ensuite pris le train jusqu'à Louvain puis Bruxelles et le tramway de cette ville l'a amené à son rendez-vous. Il avait reçu l'ordre de se faire passer pour un sourd-muet et de demeurer à la vue du résistant venu à sa rencontre à Louvain, sans toutefois l'approcher. Dans le train, il a bien pris garde de ne pas attirer l'attention, mais il se rappelle avec un plaisir teinté d'ironie qu'il a aidé un soldat allemand à monter à bord avec une très lourde valise et que plus tard à Bruxelles dans le tramway il était assis tout à côté d'un officier supérieur de la Luftwaffe.
Son guide est descendu à la brunante près d'un parc à Bruxelles, où il a été rejoint quelques instants plus tard par une femme qui l'a amené à son appartement. Comme pour les autres membres de la Résistance, il ne savait rien d'elle, mais il a appris qu'elle avait entendu parler de lui par le chef du fermier et que c'est sur son ordre qu'il a obtenu des papiers et qu'il a été envoyé à Bruxelles.
Sa bienfaitrice voulait avant tout lui procurer les soins médicaux nécessaires. Il a été conduit à l'hôpital où trois médecins l'attendaient. Seul le chirurgien et l'infirmière savaient qu'il était un pilote canadien...
Après avoir passé une semaine à l'hôpital, il a été ramené à l'appartement où il est demeuré strictement enfermé pendant les quelques semaines précédant la libération de la ville. Cet appartement était une sorte de quartier général des maquisards et il y a rencontré cinquante ou soixante agents chaque jour sans jamais connaître leur nom.
À partir d'une fenêtre, il a pu assister au retrait de l'armée allemande traversant la capitale. Le soir du dimanche 4 septembre 1944, Bruxelles a été libérée et six jours plus tard il rentrait en Angleterre par avion. »
Knowlton avec des membres de la Résistance belge
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