Aider les Canadiens à porter un regard différent sur leurs finances
Kelley Keehn, auteure primée dans le domaine des finances personnelles, discute de la planification de la retraite, de la tolérance au risque et d'un avantage que de nombreux Canadiens négligent.
Rebecca Lake
12 févr. 2021
Lecture de 4 minutes
Kelley Keehn, éducatrice en gestion des finances personnelles primée et auteure de onze livres sur les finances personnelles et la protection contre la fraude, répond aux questions de la Banque CIBC.
1. Selon vous, dans quel domaine les Canadiens passent-ils à côté d’un avantage financier?
Kelley Keehn : Les Canadiens passent à côté de ce qui s’appelle un REER collectif ou régime enregistré d’épargne-retraite collectif. On estime qu’il reste 3 milliards de dollars sur la table chaque année au Canada, car les employés ne profitent pas des programmes d’appariement offerts par leurs employeurs.
Quel est le coût à long terme de rater l’appariement?
Kelley Keehn : Il y a un coût financier et fort possiblement un coût émotionnel. Vous ne pourrez peut-être pas prendre votre retraite au moment où vous l’aviez planifié, ou avec le style de vie que vous souhaitiez.
2. Dans vos livres, vous dites qu’il faut considérer sa carrière comme une catégorie d’actifs. Pouvez-vous préciser votre pensée à ce sujet?
Kelley Keehn : Au Canada, le revenu moyen est 50 000 $. Au cours d’une carrière moyenne, cela représente plus de 2 millions de dollars. Aucun placement ne vous donnera un tel rendement.
Considérez l’exemple d’un professeur ayant une permanence et occupant un poste sûr. En ce qui concerne les placements, cette personne aura fort probablement tendance à être prudente et à prendre moins de risques. Elle devrait s’adresser à son conseiller ou son planificateur financier pour savoir s’il serait plus logique de prendre un peu plus de risque. Par contre, un entrepreneur, qui prend naturellement plus de risque, sera probablement moins prudent en ce qui concerne ses placements. S’il pouvait avoir une vue d’ensemble et considérer sa carrière ou son entreprise en tant qu’actif, il envisagerait peut-être un peu plus la prudence en ce qui concerne ses placements.
Comment ces personnes trouvent-elles le bon équilibre dans la répartition de l’actif de leur portefeuille?
Kelley Keehn : La plupart des gens ne savent pas ce qu’est une composition d’actifs, pourquoi elle est importante ou ce qu’il faut en faire. Vous avez de l’argent, un revenu fixe, des obligations et des titres ou des actions. Le risque le plus faible a également le rendement le plus faible. Il est très important d’avoir une bonne composition. Vous devez vous renseigner ou demander à un conseiller, par exemple, de vous aider.
Est-ce que la tolérance au risque d’une personne est susceptible de changer?
Kelley Keehn : Lorsque les marchés se portent bien, tout le monde est attiré par le risque. Quand les marchés ne se portent pas très bien, cela change. La tolérance au risque ne devrait pas changer selon la santé du marché, elle devrait changer parce que vous approchez de la retraite ou que vous faites face à un changement personnel important.
Les gens évitent souvent les risques par peur de perdre de l’argent. Mais trop peu de risques pourraient-ils signifier que vous n’atteindrez pas vos objectifs?
Kelley Keehn : C’est une possibilité. Vous devriez communiquer avec votre conseiller pour lui parler de votre niveau de confort et de votre profil de risque (ce que les chiffres indiquent à propos de votre tolérance au risque); souvent, ils sont légèrement différents. Vous devez vous familiariser progressivement avec le risque, plutôt que de ne prendre aucun risque, car vous pourriez rater l’occasion d’obtenir des rendements plus élevés.
Quelle est l’importance de tenir compte de la situation dans son ensemble, au-delà du risque?
Kelley Keehn : Il est très important de le faire. Il est important d’avoir un plan global qui tient compte de la retraite, ainsi que d’autres aspects évolutifs de votre vie financière. Vous devez examiner dans l’ensemble les aspects tels que les placements de votre conjoint et les questions fiscales, car il ne s’agit pas uniquement de l’avenir, mais du moment présent. Posez-vous les grandes questions, comme où est votre argent, quel est votre profil de risque global et comment cela se passe-t-il pour vous?
3. Si l’un des partenaires cesse de travailler pour s’occuper de ses jeunes enfants ou de ses parents âgés, en quoi cela affecte-t-il le plan financier du couple?
Kelley Keehn : En tant que personne soignante, il y a de fortes chances pour que votre capacité à épargner et à planifier votre retraite soit considérablement réduite. Il est important de veiller à ce que vos bonnes actions pour épargner en vue de la retraite (épargne dans un REER, par exemple) soient préservées si vous vous absentez temporairement du travail. Par exemple, vous devrez peut-être ajuster votre plan financier à court et à long terme en examinant votre budget et en veillant à ce que vous disposiez des économies d’urgence nécessaires pour faire face aux dépenses imprévues. Et bien sûr, vous devez évaluer l’impact de votre absence du travail sur votre capacité à contribuer à votre compte de retraite.
4. Que se passe-t-il si vous commencez plus tard à planifier votre retraite?
Kelley Keehn : Tout le monde dit qu’il faut commencer jeune pour profiter de l’intérêt composé, mais en réalité, la vie coûte cher. Les gens ont des prêts étudiants à rembourser ou ils essaient d’acheter une maison. Idéalement, plus vous vieillissez et plus votre revenu est important puisque vous avancez dans votre carrière. Cela signifie que vous aurez plus d’argent à économiser à l’avenir.
Au Canada, vous pouvez contribuer à un REER chaque année, en fonction de votre revenu. Il y a plus d’un milliard de dollars de fonds inutilisés par les gens au titre des REER. Si vous n’avez pas suffisamment d’argent pour profiter de la limite de contribution annuelle, les fonds continuent de s’accumuler. Vous pouvez donc effectuer une contribution plus importante plus tard.
5. Comment choisir un conseiller avec qui collaborer?
Kelley Keehn : Choisir un conseiller, c’est poser les bonnes questions pour connaître tout ce qui le concerne, comme le type de clients avec lesquels il travaille, ce qu’il est autorisé à vendre, les frais qu’il facture et comment il est payé, comment il est agréé et réglementé et depuis combien d’années il œuvre dans le domaine. Beaucoup de gens sont gênés de poser ces questions, mais il est important de discuter avec la personne avec qui vous faites affaire et de vous sentir à l’aise avec la personne qui vous conseille.
Mettez toutes les chances de votre côté
Un conseiller CIBC peut préparer un plan personnalisé pour vous aider à atteindre vos objectifs financiers, vous permettant ainsi de vous consacrer à vos autres projets.